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De l’éveil écologique à la résilience

À une époque de grand bouleversements et après une longue période d’inaction publique et collective, il semble que la sensibilisation à une vie plus respectueuse de l’environnement sorte, enfin, de la sphère purement privée.

Désormais, le choix d’une vie plus saine, l’esprit critique lorsqu’il s’agit de se nourrir, de se soigner ou de s’équiper, ne sont plus l’apanage de quelques précurseurs et deviennent des sujets admis dans les dîners en ville et la presse traditionnelle.

Trop tard hélas. Car ce qui aurait permis un renversement, à temps si nous étions en 1980, des valeurs de notre société de surconsommation au profit d’un autre modèle de civilisation moins destructeur pour éviter cette 6ème extinction de masse, arrive trop tard et trop timidement à l’aube des années 2020.

La question n’est plus désormais d’adopter individuellement des comportements plus écologiques que nous appliquerions dans la sphère privée au gré de nos convictions ou de nos choix personnels. Il est maintenant nécessaire, si ce n’est vital, de choisir un chemin d’organisation de nos collectivités locales qui leur permettent de devenir bio-inspirées et résilientes.

1. Changement du niveau d’action

L’évolution majeure est le passage de la sphère privée à la sphère collective. Jusqu’à maintenant, et en accord avec notre mode de fonctionnement “capitaliste”, la société définie un certain nombre de règles de vie en commun, essentiellement relatifs à notre place dans le groupe, notre utilité et les règles de “politesse”. Tout ce qui relève du rapport intime au vivant, à l’impact de nos vies sur notre environnement est laissé aux bons soins de chacun dans le cadre de sa sphère privée.

Cette réalité a eu pour conséquences :

  • la prise en main de ces thématiques par le milieu associatif sans aide réelle de la puissance étatique ;
  • une absence d’enseignement et de formation à ces connaissances au sein des cursus scolaires ;
  • un retard dans la prise de conscience de l’urgence écologique ;
  • une inefficacité, de fait, des actions des citoyens.nes les plus impliqués.es ;
  • un focus volontaire sur les responsabilités individuelles concernant la dégradation de nos environnements en dédouanant les acteurs institutionnels et industriels, pourtant source de nombreuses problématiques.

Il nous faut donc maintenant abandonner le culte de l’individualisme dans l’action écologique. Ne pas confondre le libre-arbitre et l’action individuelle. L’objectif n’est pas d’imposer à tous d’agir, ni de dicter ce qu’il faut croire ou penser. Il nous semble qu’il faudrait :

  1. Diffuser l’information relatif à la situation réelle de notre Terre-Mère.
  2. Expliciter clairement les conséquences pour notre civilisation.
  3. Convaincre que seule une action coordonnée et collective est une solution réaliste pour faire face à ces enjeux.
  4. Trouver le cadre d’action, ou les strates d’action, les plus pertinentes et efficaces.
  5. Définir ensemble le contenu et le cadre de cette action par le débat et les décisions collectives.
  6. Lancer les actions.

La famille, la sphère privée, ne sont pas efficaces en terme d’action et de résultats, ces 40 dernières années de luttes écologiques le démontrent. Ils est certes indispensable que le chemin vers la transition soit avant tout un choix personnel et en effet, il faut appliquer chez nous ce que nous prônons à l’extérieur. Mais une fois que la décision d’agir est prise, il est impératif de sortir du cadre de son habitat pour penser “territoire de vie”. C’est collectivement que nous aurons les ressources nécessaires, intellectuelles, physiques, morales, psychologiques et empathiques pour réussir.

Ceci ne signifie pas que la sphère privée disparaisse. Nous avons tous besoin de vivre en intimité avec nos proches. Cela signifie simplement qu’il y a un pas entre cultiver son potager pour le plaisir de la table et “penser” l’autonomie d’un collectif pour lui assurer un avenir et de bonnes conditions de subsistances.

2. Changement des objectifs d’action

Comme le suggère la conclusion du chapitre précédent, il nous faut envisager la résilience de nos environnements de vie, c’est-à-dire leur capacité à résister aux chocs qui s’annoncent en nous assurant une vie “heureuse”.

La résilience est un projet ambitieux mais pas irréaliste. Ce n’est pas un changement d’échelle dans l’action. Il ne s’agit pas de passer, pour l’autonomie alimentaire par exemple, d’un potager individuel de 4 m2 à un maraîchage de 1 ha. La résilience est un changement d’objectif qui nécessite une action collective voulue et réfléchie :

  1. Définir ce dont nous avons besoin pour vivre sereinement et sobrement.
  2. Ce qu’est le bonheur envisagé au niveau du territoire d’action.
  3. Quelles sont les valeurs du collectif.
  4. Étudier le territoire pour lister ses ressources et ses potentialités.
  5. Lister l’ensemble des ressources et des activités nécessaires à l’autonomie.
  6. Mettre en place un mode de fonctionnement serein du collectif.
  7. Tisser des liens de collaboration avec les autres territoires résilients, voire envisager une partie de l’autonomie à cette échelle.
  8. Choisir les solutions techniques, organisationnelles et éducatives adaptées aux objectifs de résilience.

La résilience n’est pas non plus l’abandon ou le deuil d’une qualité de vie “parfaite” par opposition à une “survie”. Nous l’envisageons comme un changement réfléchi et voulu qui remet au centre de notre vie l’épanouissement de toutes et tous et l’enrichissement de la vie collective. Ce n’est pas un retour au Moyen-Âge, c’est un retour dans le cycle du Vivant et la fin de l’impérialisme de l’apparence, de la compétition et de la consommation. C’est un chemin qui préserve le droit de chacun.e à une vie heureuse, à des convictions personnelles et à son autonomie de vie.

Contrairement aux survivalistes, les résilients croient aux vertus du collectifs, à la nécessité de faire ensemble. Une collaboration heureuse loin du repli identitaire et individualiste.

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